Jason Joseph an der EM 2018 in Berlin (Photo: athletix.ch)
Jason Joseph (Photo: athletix.ch)

Jason Joseph: « Je n’étais pas vraiment fan des haies »

Il est, avec Delia Sclabas (800/1500 m) ou Yasmin Giger (400 m haies), l’un des plus sûrs espoirs de l’athlétisme suisse. Spécialiste du 110 m haies, Jason Joseph (LC Therwil) ne manque ni d’aplomb ni d’ambition, des qualités rares mais nécessaires pour percer au plus haut niveau. Rien ne le destinait pourtant à devenir un hurdleur.

« Mes grandes forces sont mes longues jambes, la qualité de ma deuxième partie de course, et la confiance que j’ai en mes moyens », lâche ainsi le longiligne bâlois (1m92) qui, à 19 ans, s’est approprié le record de Suisse de sa spécialité en 13 »39. Un chrono réalisé en demi-finales des Championnats de Suisse de Zofingue à la mi-juillet, alors qu’il était encore habitué à passer des obstacles plus bas de 7 cm l’an dernier chez les juniors (99 cm, contre 106 cm en élite).

Un chrono qui lui a aussi permis de prendre place dans le top 12 de la hiérarchie continentale, ce qui lui offre une qualification directe pour les demi-finales du rendez-vous berlinois vendredi soir. « Je suis à mon niveau avec cette place de demi-finaliste. Je sais que mon meilleur temps est bon pour quelqu’un de mon âge », affirme-t-il avec lucidité, mais sans prétention aucune.

Ce temps de 13 »39 l’a-t-il tout de même surpris? « Oui. En début de saison, je pensais être capable de courir au mieux en 13 »7 ou 13 »6 cette année », avoue le champion d’Europe juniors 2017, qui a brûlé les étapes et compte bien ne pas s’arrêter là: « Je me sens parfaitement bien sur le plan physique. Je vais tout donner en demi-finales, sans arrière-pensée tactique. Si tout va bien, je peux améliorer mon record. Je vise une place en finale », assure-t-il.

Jason Joseph, qui a hérité de la rigueur de sa maman st-galloise et du côté plus fougueux de son père caribéen (Sainte-Lucie), vivra le troisième grand rendez-vous de sa carrière dans l’élite. « J’ai déjà côtoyé les meilleurs à Birmingham », à l’occasion des Mondiaux en salle où il avait été éliminé en séries, « et à Athletissima », où il avait terminé 7e en 13 »54. « J’étais très nerveux. Cette fois, je dois ne pas me laisser impressionner par mes adversaires », glisse-t-il.

Selon l’ancien hurdleur Raphaël Monachon, désormais coach du relais 4×100 m dames, Jason Joseph a largement les moyens de signer à plus ou moins court terme des chronos proches des 13 »10. De quoi lui permettre de viser des places en finale des grands rendez-vous intercontinentaux, à condition qu’il améliore encore son point faible: le départ. « Je peine encore parfois à trouver le bon rythme sur les deux ou trois premiers obstacles », confesse-t-il.

Pourtant, rien ne fut simple à ses débuts, à l’âge de 12-13 ans. « Mon entraîneur Philipp Schmid (réd: qui s’occupe toujours de lui au LC Therwil) trouvait que j’étais fait pour ça. Mais je n’étais pas vraiment fan des haies », sourit-il. « Ma première compétition fut d’ailleurs une catastrophe totale. J’ai mis deux ou trois ans à prendre vraiment du plaisir sur les haies. Mais il semble que mon coach avait plutôt raison », glisse-t-il malicieusement.

(ats)